VENDREDI 11
18H30 La mer et les jours
La mer et les jours est un film mythique
du cinéma français, un astre noir aux allures de chef-d’œuvre. Sur l’île
de Sein Raymond Vogel et Alain Kaminker filment avec un regard d‘une
rare acuité la réalité insulaire de pécheurs bretons. Le film est sombre
et dur, sans concession tant dans sa forme qui anticipe la puissance du
cinéma direct et prolonge la singularité du cinéma dit de commentaire,
ici il est écrit par Chris Marker, que dans le fond qui plus que la
peinture d’une communauté, est une mise en partage de la vie de ces
femmes et de ces hommes.
Dans un petit village de l’Est de la France se répètent quotidiennement les mêmes gestes. Souder deux tronçons de lame, couper du bois, traire une vache, coudre un vêtement, protéger des légumes. Autant d’actions répétées de génération en génération, au jour le jour jusqu’à l’épuisement des corps. Et c’est ces corps à bout de souffle que filme Pierre Schlesser avec une étonnante justesse, interrogeant jusque dans ses moindres détails, cette absurde malédiction du labeur quotidien. A partir d’un récit intime et d’images dont la brutale banalité n’est qu’apparence, le film nourri d’empathie et de colère, nous confronte à une réalité par trop ignorée. Pierre Schlesser par son approche et la finesse de son écriture nous livre un moment de vie et une forme de mémoire qui nous accompagne longtemps.
21h30 Être vivant et le savoir
Emmanuèle Bernheim et Alain Cavalier sont liés par trente ans d’amitié.
Le cinéaste bouleversé par le livre autobiographique de son amie : «
Tout s’est bien passé », lui propose de réaliser ensemble un film à
partir de son récit. Dans son livre elle raconte comment son père lui a
demandé « d’en finir » à la suite d’un accident cardio-vasculaire.
Emmanuèle accepte la proposition de Cavalier mais un matin d’hiver elle
lui téléphone. Elle est atteinte d’un cancer du poumon. Pourtant
Cavalier ne renonce pas à son projet et avec la complicité d’Emmanuèle,
il l’adapte à cette nouvelle et douloureuse situation.
Contrairement a ce que ce bref résume pourrait laisser entendre, Etre
vivant et le savoir est un film magnifique, formidable, bouleversant
toutes les instances de la mort. Mettant en scène un étonnant pas de
côté, Cavalier ne nous laisse jamais indifférent, déployant toute la
richesse de son cinéma pour nous faire partie prenante de cett
interrogation existentielle qui touche aux merveilles.
SAMEDI 12
14h Paysannes 1
En 1976, Gérard Guérin entreprend de filmer
et d’enregistrer trois
générations de paysannes du Larzac, afin de capter les récits et les
témoignages de ces femmes. De là naît une série de six épisodes. Nous
vous en présentons deux. Dans ce premier épisode il l’intéresse
au travail de celles-ci et ce qui fait la qualité de son approche, la
réussite de sa manière de filmer et la finesse de son montage, tient
dans son soucis du regard et de la durée, dans cette invention d’un
cinéma complice en prise avec le réel et qui va au plus profond de la
vérité et de la beauté des êtres.
14h
La forêt des signes
Ce film
inattendu et participant d’un projet plus vaste, couvre la forêt de
graphes, inventant une « écriture » singulière qui semble naître tout au
cœur du vivant. Langage
expérimental des arbres, naturalité des signes, mystère de leur
rencontre, certainement une invention dont surgit la magie du cinéma.
15h30 A lua platz
« Aux marges d’une banlieue parisienne en
grande mutation,
quelques familles roumaines cherchent des lieux où vivre. Depuis le
village quitté, le bidonville rasé, les maisons occupées, leurs
trajectoires retissent une histoire commune, faite de solidarité autant
que de relégation. Devenus compagnons de route, nous fabriquons ce film
ensemble, comme d’autres espaces habitables. » Jérémy Gravayat
Composé de documents d’archive et d’instants filmés dans une profonde amitié, A lua platz est un film qui a cette qualité particulière de nous inviter à
l’habiter tel un lieu improbable dont nous partageons les histoires, les
conflits et les joies sans pour autant
en dire trop et tout en nous en donnant beaucoup à voir. Sa mise en
récit et les enjeux qui la traversent affinent notre compréhension d’une
forme d’altérité qui nous est plus
que nécessaire.
Il est des films qui nous font du bien et le
nouveau film de Sophie
Bruneau (dont nous avons vu La corde du diable et Rêver sous le
capitalisme) est certainement l’un de ceux-là. L’atelier de
Cézanne reçoit aujourd’hui des visiteurs du monde entier. Trois femmes
les accueillent et prennent soin des lieux. Elles sont au centre du film
et possèdent la clé d’un monde où se mélangent et se confondent visible
et invisible, beauté et mémoire, présence des êtres et douceur de vivre.
La justesse des images, la profondeur de la lumière, l’attention du
regard font naitre comme une magie douce et apaisante qui ne nous quitte
plus. Et c’est du grand art à l’instar du
maitre des lieux.
21h30 Rencontre ave le cinéma de Camille Ponsin
Nous avons
projeté la plupart des films de Camille Ponsin. De « Ingénieurs, sherpas
et boites de conserve » à « Le droit au baiser » en passant par «
Bollywood boulevard »
sa filmographie tour à tour drôle, cinglante, engagée et personnelle
parle pour lui. A l’occasion de la prochaine sortie en salle de son
dernier film, nous avons voulu l’inviter
pour nous parler de son cinéma.
DIMANCHE 13
143, rue du Désert est l’adresse de
Malika, 74 ans. Elle vit seule
dans une petite buvette en plein milieu du désert algérien, le long
d’une route où font halte routiers, touristes et inconnus, le
temps d’un repas, d’une cigarette ou d’une conversation. Par la
théâtralité de ses cadres et la durée de ses plans, sa science du
montage et la rigueur de son récit, 143, rue du Désert réussit à nous
immerger dans ce temps du désert qui vibre au de-là de l’attente des
clients de
passage. Malika devient alors l’incarnation d’une présence au monde,
cette part invisible des liens qui nous tiennent et nourrissent nos
fragiles existences. Avec ce film
Hassen Ferhani touche à l’essentiel et quand le monde de Malika se voit
menacé, c’est toute une part de nos vies qui s’effondrent, nous laissant
orphelins d’une plénitude.
16h15 Paysannes 2
Dans ce deuxième épisode Gérard Guérin
s’intéresse à l’esprit de
révolte qui anime ces femmes face à l’éventuelle implantation d’un camp
militaire sur le Larzac. Avec toujours cette faculté extraordinaire
d’écoute et de regard, il saisi la naissance d’un refus et d’une lutte
dans un quotidien immergé dans un espace
vivant qui loin de se résumer à un paysage ou à une toile de fond, est
filmé comme l’essence même d’une forme de vie en pleine transformation.
Dans le camp de réfugiés de Zaatari, on
attend la fin d'une guerre syrienne qui n'en finit plus de durer. Parmi
les exilés, une communauté s'est reformée : les Kachach.
Eleveurs d'oiseaux culturellement méprisés, ils font revivre une
tradition millénaire qui, dans ce camp planté au milieu du désert
et que nul n'est censé quitter, trouve dans le vol libre et ample
des oiseaux une part de rêve et d’évasion, en attendant la fin de
l'exil.
16h15 Machini
18h A rifle and a bag
Machini est un ovni cinématographique entre animation et documentaire. Par leur maitrise du récit, leur intelligence du montage et leurs techniques d’animation inventives et étonnantes, Frank Mukunday et Tetshim dénoncent avec beaucoup d’audace et d’originalité, le scandale écologique que vit le Congo aujourd’hui. En dire plus serait divulgacher toute la richesse de ce formidable moment de cinema.
18h A rifle and a bag