VENDREDI 11
Lors
d’un voyage dans le Kham, région de Chine peuplée de Tibétains,
Stéphane Batut a l’occasion de filmer une cérémonie funéraire
où le corps du défunt est offert en pâture aux vautours. Cette
expérience bouleversante va lui faire entrevoir un autre rapport à
la mort, plus concret, plus existentiel dans sa très grande
simplicité. De retour en France, il va concevoir un film à partir
de ses images nées de sa condition de touriste et d’étranger. En
compagnie d’un interlocuteur tibétain, il visionne et discute de
ce qu’il a vu, vécu et ressenti. Film exemplaire vers d’autres
façons de faire monde, Le rappel
des oiseaux nous touche et nous
bouleverse bien au-delà de nos certitudes.
21h Before We Go
Dans l’espace hautement référentiel de l’Opéra de la Monnaie à Bruxelles, des personnes en fin de vie, des chorégraphes, des acteurs et des musiciens participent à une expérience unique autour de leur rapport à la mort. Avec Before We Go, Jorge Leónmet en scène avec une profonde empathie un cinéma polyphonique où le tragique des corps en souffrance et les imaginaires de leur disparition nous plongent « en cette fragile intimité de l’entre vie et mort ».
SAMEDI 12
14h Séance de courts-métrages
Short
message de Vardan Danielyan, 13’00, 2013,
Compil des meilleurs moments des Gilets Jaunes, 20’00, 2018-19,
L’école
des fous,
25’00, et Une
saison chez les hommes,
16’00, de Jean-Denis Bonan, 1967-2019, un de nos coups de cœur de
l’année, en
présence du
réalisateur,
Plus
d’autres films, surprises subversives, rebelles et décapantes,
14’00, 2014-2018
16h Zona Franca
En Patagonie, au coeur de la province chilienne du détroit de Magellan, un chercheur d’or, un chauffeur routier et une jeune vigile croisent la route de touristes en quête de bouts du monde. Entre débris de l’Histoire, paysages grandioses et centres commerciaux, ils révèlent ce qui n’apparaît jamais sur les prospectus des tour-operators : une violence profondément enracinée dans cette terre et qui surgit en pleine lumière lorsqu’une grève paralyse la région. Porté par une écriture toute en finesse, ce film, loin des points de vue partisans, déroule les enjeux d’une situation de lutte avec une rare pertinence, privilégiant la dimension sensible des personnes et la singularité des relations qui se nouent dans un conflit, nous proposant un cinéma du questionnement plutôt que du constat.
18h Lajamanu
Barbara
Glowczewski, directrice de recherche au Laboratoire d'Anthropologie
sociale (CNRS), travaille sur les stratégies de résistance de
différents groupes d'Aborigènes d'Australie, et est l’auteure de
nombreux livres dont Les
Rêveurs du désertet Rêves
en colère.Au coeur de son film Lajamanu,
il y a son retour auprès de la communauté des Warlpiri, Aborigènes
du désert central australien
qu’elle connaît bien pour y avoir vécu. Elle y revient montrer
des archives filmées fin des années 70, mettant à l’épreuve du
temps les gestes et les voix d’hier et la vie et les paroles
d’aujourd’hui, composant une forme de mémoire plurielle où elle
s’immerge jusqu’à faire surgir une parole commune au présent.
Ce faisant, elle retrouve la dimension essentielle du documentaire,
celle d’aller voir ailleurs, de s’y confronter sans masque et
sans apprêts pour revenir ici nous donner en partage un autre monde
qui devient partie du nôtre.
Barbara
Glowczewski sera accompagnée de sa fille Nidala
Baker,
née sur la terre de sa grand-mère paternelle Djugun (Broome,
Australie occidentale) qui utilise différents outils de son héritage
autochtone pour promouvoir les liens existants en chacune et chacun
d’entre nous pour mieux être partie prenante de son milieu.
Elle nous proposera une rencontre où nous serons invités
à retrouver la terre sur laquelle nous marchons et dont nous nous
nourrissons tous physiquement et spirituellement.
21h Rencontre avec José Luis Guerín
José Luis Guerín, cinéaste espagnol, regarde
le quartier Barrio Chino de Barcelona se construire et se déconstruire,
par le ballet quotidien des artisans de ces lignes urbaines en
métamorphose, qu'il nous restitue par le film En construcción (2001). Dans la ville de Sylvia (2007), l’œil court après les ombres lumineuses d'une femme dans les labyrinthes transparents de ses rues. Invité en tournée mondiale des
festivals avec ce film, il est confronté
aux sempiternelles questions du pourquoi il mélange, en ses films, fiction et documentaire. Alors il quitte les salles feutrées et se promène sur des places
populaires, toujours différentes mais toujours habitées par une populace
malmenée et vivante, où il filme rencontres, discussions, palabres et conflits
entre ceux qui incarnent ce que l’idée de plèbe a de plus dérangeant, corrosif
et vivifiant. Guest (2010) en sera l'éclatant récit, traversé de présences transcendant la puissance d'exister.
José Luis Guerín sera avec nous pour échanger sur son cinéma, et nous dévoiler quelques unes de ses images.
DIMANCHE 13
Phek
est un village de l'État indien du Nagaland, près de la frontière
avec le Myanmar, d'environ 5 000 habitants. Tous, ou presque,
cultivent du riz pour leur propre consommation. Lorsqu'ils
travaillent dans les champs en petits groupes coopératifs
appelés mülé, hommes et femmes chantent ensemble. Ainsi le
rythme et le mouvement des travaux - biner, labourer, planter,
récolter - sont accompagnés de chants et de paroles qui résonnent
dans les collines. Au fur et à mesure que la saison avance, le ton
change et la musique se fait de plus en plus hypnotique. Les chansons
ont été transmises de génération en génération, elles racontent
des histoires de la terre, d'amour et celles des préoccupations de
la vie quotidienne dans une région traversée par de nombreuses
années de troubles politiques.
Ce portrait d'un peuple à la
culture musicale extraordinaire est filmé avec amour et une grande
attention pour chaque geste, chaque détail d’une vie collective à
la complexe simplicité. La beauté naturelle
des lieux et des personnes travaillant dans les champs fait surgir comme par la
grâce d’un cinéma de l’instant les paroles de ses femmes et de ses hommes où
leurs gestes, leurs propos et leur musique demeurent inextricablement liés en
un seul et même récit.
Des
hommes qui veillent est une
immersion dans le quotidien de l’équipe de techniciens de convoi
(croque-morts) des Services Funéraires - Ville de Paris. Au-delà
du travail qu’on leur connaît sur les obsèques, ces hommes sont
en charge du ramassage, de l’évacuation et du transport des corps
dans la ville, de jour comme de nuit, notamment sur réquisition de
la police. C’est au dépôt, vestiaire et local technique de
l’entreprise, en souterrain du bâtiment administratif, que ces
hommes se rassemblent, avant et après chaque mission. Cet espace à
l‘apparence désuète devient alors sas de décompression
collectif. Intelligence du regard et complicité sensible sont au
centre de ce film qui saisit avec intelligence ces instants de vie
et, les réunissant tels les fragments d’une image invisible, nous
rend ces hommes de l’ombre présents et terriblement proches.
18h Becoming Animal