VENDREDI 11
18H30 Nos défaites
Nos
défaites dresse un portrait de notre rapport à la politique,
grâce à un jeu de réinterprétation par des lycéens d’extraits
issus du cinéma post-68, associé à des interviews de ces jeunes
acteurs. Dispositif périlleux mais ici brillamment conduit jusqu'a
un point de non-retour où se conjuguent questions essentielles et
les réponses des lycéens : comment appréhendent-ils
le monde dans lequel ils grandissent et surtout, auraient-ils l’envie
de le changer, de le détruire ou d’en construire un nouveau ?
Jean-Gabriel Périot, avec beaucoup d’intelligence et de sensibilité,
capte ces paroles adolescentes et place leur métamorphose au cœur
même du bouleversement de nos vies.
De
1952 à 1953, Alain Resnais et Chris Marker tournent un film
documentaire sur “l’art nègre” dans un contexte où la
décolonisation semble inéluctable. « Nous
sommes partis de cette question : pourquoi l’art nègre se
trouve-t-il au Musée de l’Homme, alors que l’art grec ou
égyptien est au Louvre ? » explique Alain Resnais.
Au
final, ils radicalisent la forme de l’essai cinématographique, faisant d’une exploration passionnée de “l’art nègre” une
dénonciation virulente des méfaits du colonialisme. Aujourd’hui
encore le film n’a rien perdu de son regard critique et de sa
parole subversive.
21h30 Cinéma documentaire : fragments d‘une histoire
De
1952 à 1953, Alain Resnais et Chris Marker tournent un film
documentaire sur “l’art nègre” dans un contexte où la
décolonisation semble inéluctable. « Nous
sommes partis de cette question : pourquoi l’art nègre se
trouve-t-il au Musée de l’Homme, alors que l’art grec ou
égyptien est au Louvre ? » explique Alain Resnais.
Au
final, ils radicalisent la forme de l’essai cinématographique, faisant d’une exploration passionnée de “l’art nègre” une
dénonciation virulente des méfaits du colonialisme. Aujourd’hui
encore le film n’a rien perdu de son regard critique et de sa
parole subversive.
SAMEDI 12
14h Braguino
Au
milieu de la taïga sibérienne, à 700 km du moindre village,
se sont installées 2 familles, les Braguine et les Kiline.
Aucune route ne mène là-bas. Seul un long voyage sur le fleuve
Ienissei en bateau, puis en hélicoptère, permet de
rejoindre Braguino. Elles y vivent en autarcie, selon leurs
propres règles et principes. Au milieu du village, une
barrière. Les deux familles refusent de se parler. Sur une
île du fleuve, une autre communauté se construit : celle des
enfants. Libre, imprévisible, farouche. Entre la
crainte de l’autre, des bêtes sauvages, et la joie offerte par
l’immensité de la forêt, se joue ici un conte
cruel dans lequel la tension et la peur dessinent la géographie d’un
conflit ancestral.
14h
Magume
Buta, dans
le sud du Burundi. Quarante élèves d'une école s'organisent en
ateliers pour réfléchir, quatre mois durant, à la guerre qui
touche leur pays depuis 1993. Dans la cour de leur école, ils ont
installé une table de négociations de paix imaginaires autour de
l'identité burundaise et inventé un personnage fictif, Magume. À
travers lui, les élèves témoignent de leurs vies et interrogent
les identités Hutu et Tutsi. Un film qui n’a pas fini de résonner
avec des questions et des conflits qui aujourd’hui nous traversent
toujours.
17h Hommes de Misaines
À l’aube
du siècle passé sur les côtes sud de Bretagne, la quête du
poisson d’argent mobilise le monde ancestral de la pêche
traditionnelle à la voile, jusqu’aux portes de l’âge
industriel. Entre commentaire littéraire et images photographiques
d’un autre temps, le film de Jean-Paul Mathelier fait naître une
forme de poésie de la mémoire qui, de traces en souvenirs, se glisse
entre deux mondes et lève un peuple fantôme à notre rencontre.
Titou
va avoir quarante ans. Il vit perché dans une bergerie des
Corbières. Avec Soledad, qui habite dans une caravane un peu plus
loin, ils fabriquent leur vin, composent leur musique et vivent au
rythme des saisons comme on cultiverait la résistance.
Egarés
volontaires, à rebours de l’accélération fatale à quoi le monde
est promis, ils ont fait le choix de vivre autrement, vagabondage,
ermitage, au plus près d’une nature nourricière dont ils goûtent
les mérites oubliés. L’âge d’or possède cette qualité rare
des films qui plus que de montrer, nous invite à partager des
existences qui portent le rêve d’un âge d’or qui est bien plus
qu’une utopie. Ecrit comme on respire, fabriqué comme à la main,
le film donne à vivre un monde singulier, sans exemplarité mais
d’une justesse d’émotion qui ne peut qu’interroger le
nôtre.
21h30 Hamada
Au
milieu du désert du Sahara en Algérie, dans un environnement aride
et rude, où l’on n’entend que le souffle du vent et le moteur de
vieilles voitures, le jeune Sidahmed rêve de quitter le camp de
réfugiés Sahraoui.
De
son côté Zaara, jeune femme charismatique au caractère bien trempé
n’a pas l’intention de quitter le camp. Elle s’y adapte, s’y
construit et y fait souffler un vent d’espoir et de liberté.
Jouant
avec une grande complicité de l’humour et de l’enthousiasme de
ses personnages, Eloy Domínguez Seren nous livre un portrait
surprenant de la vie quotidienne de ces jeunes gens et rompt avec
l’usage misérabiliste attendu que la réalité d’un camp
présuppose. Avec beaucoup de finesse et d’attention, il nous
entraîne à vivre nous aussi ce quotidien qui ne manque pas de
questionner le nôtre.
DIMANCHE 13
Vers
la tendresse est une exploration intime du territoire masculin d'une
cité de banlieue. En suivant l'errance d'un groupe de jeunes hommes,
nous arpentons un univers où les corps féminins ne sont plus que
des silhouettes fantomatiques et virtuelles. Elaboration et
construction étonnante entre l’image et le son non synchrone, le
film d’Alice Diop bouscule et la forme et le fond de ce qui
constitue l’évidence de nos lieux communs en matière de sexualité
et d’affection masculine.
« A
Montreuil, des garçons traînent devant chez moi du matin jusqu'au
soir. Je me suis dit qu'ils pourraient peut-être porter leur voix et
je suis allée les voir. Je leur ai proposé de travailler avec moi
et j'ai organisé un atelier avec quatre d'entre eux. En entendant ce
que j'avais filmé, ils ont prétendu ne pas s'y reconnaître mais
m'ont parlé différemment lorsqu'on s'est vus en tête-à-tête. »
Alice Diop
Tourné et
monté en 16mm par Raymonde Carasco en 1977, retrouvé et sonorisé
par Régis Hébraud, compagnon de Raymonde Carasco, en 2009,Divisadero 77 ou Gradiva-Western constitue le premier
épisode, le début jusqu’alors inconnu, d’une fresque
cinématographique de l’imaginaire Tarahumaras.
Le
cinéma de Raymonde Carasco a somme toute peu à voir avec
l’ethnologie et certainement tout à voir avec l’attachement à
l’autre. Etonnant et formidable, son art de regarder et de lier ses
images nous parlent tout de suite d’une alliance sensible: «
jouir du privilège d’être là, accepter de ne pas tout voir,
accepter de relever lentement quelques traces, de prélever quelques
mouvements, quelques signes à la beauté amicale avant de prétendre
à la compréhension des choses, partager non pas le secret mais le
culte du secret, du mystère et de la transe. » (1)
Comme
l’énonce la voix de Régis Hebraud dans le film, « c’est
une recherche de l’écriture hiéroglyphe, une écriture de signes
originels, lisible par tous. Atopie du cinéma comme écriture d’un
monde à venir….. ».
Et avec eux
deux, c’est le monde en devenir, en suspension qui vient à nous.
17h Manichal
Manichalse présente comme un documentaire animalier qui raconte l'odyssée
d'une espèce d'objet réidentifié.
Débarquant
sur notre planète, cet objet tournant et se déplaçant au hasard
découvre le bizarre monde des humains qui ne s’intéressent guère
à lui. Pourtant progressivement quelque chose va prendre forme,
tenter le lien, chercher un sens à cette étrange aventure. Film
métaphorique à l’humour grinçant, Manichal filmé sur le vif,
possède cette qualité d’invention qui crée l’émerveillement,
les images touchent fort et grâce à un montage tout en douceur, une
poésie inattendue voit le jour et nous emporte.
17h Dans le regard d’une bête
Dans le
regard d‘une bête interroge la frontière entre l’homme
occidental et les animaux. Composé de multiples rencontres qui
s’articulent telles les pièces d’un puzzle qui généralement
pose problème, le film de Dominique Loreau habite littéralement
cette frontière comme pour mieux nous en montrer toute la porosité.
C’est ainsi que sa caméra rencontre des animaux et des personnes
qui se côtoient dans des élevages, suit une éthologue sur son
terrain, visite des abattoirs, des zoos et des musées, se balade
dans une ville, s’arrête dans une salle de répétition de danse
ou participe à la performance d’un acteur se transformant en
animal. Et sans cesse elle filme les regards des animaux sur les
humains et ceux des humains sur les animaux. Elle filme aussi les
regards, parfois furtifs, des animaux sur elle. Et ses images parlent
d’elles-mêmes. Elles parlent d’une étrange proximité qui
ouvre sur d’autres mondes, énigmatiques, où l’humain devient
à son tour cet autre animal. Sans commentaire, tout en finesse et en
non-dits, ce film pose avec beaucoup de pertinence et comme en hors-champ majeur, cette question :
21h Chavela Vargas
Dans le
regard d‘une bête interroge la frontière entre l’homme
occidental et les animaux. Composé de multiples rencontres qui
s’articulent telles les pièces d’un puzzle qui généralement
pose problème, le film de Dominique Loreau habite littéralement
cette frontière comme pour mieux nous en montrer toute la porosité.
C’est ainsi que sa caméra rencontre des animaux et des personnes
qui se côtoient dans des élevages, suit une éthologue sur son
terrain, visite des abattoirs, des zoos et des musées, se balade
dans une ville, s’arrête dans une salle de répétition de danse
ou participe à la performance d’un acteur se transformant en
animal. Et sans cesse elle filme les regards des animaux sur les
humains et ceux des humains sur les animaux. Elle filme aussi les
regards, parfois furtifs, des animaux sur elle. Et ses images parlent
d’elles-mêmes. Elles parlent d’une étrange proximité qui
ouvre sur d’autres mondes, énigmatiques, où l’humain devient
à son tour cet autre animal. Sans commentaire, tout en finesse et en
non-dits, ce film pose avec beaucoup de pertinence et comme en hors-champ majeur, cette question :
qui sommes-nous, nous autres les
terrestres ?
21h Chavela Vargas