VENDREDI 21
Jean-Gabriel Périot nous revient avec son 
quatrième long métrage : Retour à Reims (Fragments). Tissant avec brio 
des images d’archives des années soixante et des extraits de l’essai 
autobiographique éponyme de Didier Eribon, lus par Adèle Haenel, il 
entrelace de multiples formes narratives, confrontant histoire 
officielle et récits intimes pour un essai cinématographique 
particulièrement réussi. Le film retrace le parcours éclaté d’une classe
 ouvrière en mal de perspectives et qui devient l’un des enjeux d’une 
extrêm droite de plus en plus décomplexée. Politique et redoutable, 
cette réflexion sensible nou donne à comprendre ce qui s’est perdu en 
route et éclaire d’une lumière inattendue les récents soulèvements de ce
 dernières années, signes manifestes que le pouvoir n’en a pas fini avec
 la colère et la lutte des dépossédés dans leur désir de vivre.
21h30 
Life of Ivanna
	
	
	
	
« Reposant sur un travail magnifique de cinéma direct et de montage, le cinéaste Renat Borrayo Serrano signe un premier long métrage contenant des scènes incroyables qu’il restitue dans une dramatisation du réel époustouflante, faisant de nous les témoins privilégiés d’un monde qui résiste à travers le portrait de Ivanna, mais qui ne peut éviter de s’effondrer sous l’influence de la civilisation moderne ». Bruno Boez
SAMEDI 22
14h Jungle
	
	
	
	
	
	
	
	
 Pendant trois ans, la caméra attentive de Louise Mootz a suivi une bande d’amies qui naviguent à l’instinct, au feeling dans les quartiers nord de Paris. Son film percutant dessine les parcours trashs et décapants de ces filles sans complexe qui loin des stéréotypes appréhendent le monde adulte entre doute et lucidité avec une liberté de ton qui décoiffe. Sa caméra, proche complice de tous les instants, nous livre cette part d’intimité sensible et vraie qui nous fait prendre la démesure de cette jungle métropolitaine où il est si facile de perdre pied et de sombrer sans retour. 
15h45 
By the throat
	
	
	
	
	
	
	
	
By the throat, le dernier film d’Amir et Effi, interroge d’une façon 
inattendue mais oh combien judicieuse, jusqu’où notre société de 
surveillance et de contrôle construit de nouvelles frontières, de 
nouveaux check points. Jouant de plusieurs récits à l’écritur inventive,
 mélangeant métaphores et situations documentées, le film nous entraine à
 découvrir une frontière invisible mais plus que déterminante, celle des
 sons et des mots que nous prononçons chaque jour. Notre langue 
maternelle, la façon dont nous en usons confrontée à une volont 
d’indentification et de repérage constants, fait de nos corps parlant de
 véritables checkpoints mobiles, où qu nous soyons. Des empreintes 
vocales au biopouvoir, des vérités scientifiques aux sélections 
identitaires, des reconnaissances numériques des uns aux captures 
autorisées des autres, Amir et Effi déroulent avec intelligence et 
sensibilité les mille nuances sélectives d’une discrimination qui n’a 
pas fini d’étendre son emprise sur nos vies.
18h Le jour où j’ai découvert que Jane Fonda était brune
	
	
	
	
Dès le début de son film, Anne Salzberg, 
caméra à la main, tente d’interroger sa mère sur son passé féministe et 
sur les raisons qui l’ont poussée à faire un enfant toute seule. 
N'obtenant aucune réponse de sa part, elle va les chercher ailleurs et 
découvre ainsi le mouvement féministe des années 1970 et son cinéma 
militant. La cinéaste change et le mode de fabrication de son film 
rejoint alors celui des militantes qu'elle rencontre et témoigne de la 
transmission d’une mémoire des luttes féministes par la fabricatio 
collective de films étonnants. Foutraque et tonique son film possède 
cette invention artisanale d’un cinéma libre qui se riant des règles et 
des écritures éprouvées trace son chemin, chemin que nous empruntons 
joyeusement à la découverte de ce qui en nous s’éveille au contact de 
ses femmes et de leurs luttes contre toutes formes de discrimination
Un véritable tour de force d’écriture cinématographique qui nous montre combien le sujet programmé d’un film à faire, n’est souvent qu’un leurre et que la force d’un certain art du documentaire réside dans le geste d’oser aller voir et puis de revenir. Au point de départ Gwenael Brees tient un sujet, filmer aujourd’hui le mythique groupe de musique pop anglais, Talk Talk. Hélas comme son film commence, il apprend par une lettre d’avocat qu’il lui est interdit de filmer les membres du groupe et d’utiliser leur musique. Pourtant il décide de tenter le voyage en Angleterre, pariant sur le fait que peut être au gré des rencontres quelque chose va surgir des hasards du voyage. Et l’aventure du film commence et elle va nous conduire au cœur même de ce qu’est la création musicale, voire la création tout court, car le film devenu son propre sujet va creuser profond cette question de l’éthique qui président à l’acte de créer. Vaste question mais que le film aborde avec une rare modestie et un goût du burlesque teinté d’autodérision.
DIMANCHE 23
14h 
	
	
	
	
Gagner sa vie
	
	
	
	
	
	
	
	
	
	
	
	
Dans un bar à hôtesses d’une ville de Bolivie, Marta et Karina se 
prostituent pour inventerleur avenir. Face à l’injustice de leur 
situation, Marta décide qu’elle deviendra avocate. Entre les passes, 
bravant les obstacles et les doutes, elle va poursuivre son rêve sans 
renier son amitié avec Karina. Cinéma de la longue durée, le film de 
Philippe Cmogorac, Gagner sa vie, suit ces deux
femmes pendant une dizaine d’années, avec une complicité et une 
proximité rarement vue. Portraits intimes, paroles vraies, présences 
sans masques, les vies de Marta et Karina racontent l’ambivalence de la 
prostitution et la complexité de vies humaines où rien n’est écrit 
d’avance. Formidable moment de cinéma qui nous place précisément dans 
cette forme d’altérité où, comme l’écrit Pascale Maria, chercheuse à 
l’IRD, « donner à voir le quotidien de femmes qui se prostituent est un 
moyen de rendre tangible que leur marginalité se situe d’abord dans 
notre regard ».
16h15 Inner lines
	
	
	
	
	
	
	
	
Pierre Yves Vandeweer est presque un habitué de Terra Nostra. Aussi avec
 son dernier film Inner lines, nous retrouvons des thématiques qui lui 
sont chères pour ne pas dire essentielles mais qu’il creuse et développe
 avec une maîtrise et un savoir-faire, suscitant e nous bouleversements 
et réflexions qui ne nous quittent plus. « Dans le langage militaire, 
les inner lines sont des itinéraires de secours qui, tout en se situant à
 proximité des lignes adverses, échappent aux moyens de contrôles et 
permettent de prendre la fuite. Autour du mont Ararat, en Turquie et en 
Arménie, des messagers et leurs pigeons voyageurs parcourent ces voies 
parallèles, à la rencontre de communautés en prise avec les guerres ».
Inner lines invente un dialogue improbable
 mais d’une vérité implacable entre des images comme inscrite dans la 
matière même des lieux et les témoignages d’hommes et de femmes qui 
disent ce qu'ils ont enduré leurs existences brisées et la vie qui se 
bat contre la mort. Cinéma engagé au plein sens du terme, ce film ne 
nous laisse pas indemnes mais nous en sortons grandis et comme habités 
d’une forme de résistanc belle et nécessaire.
18h00 Saint Jean-Baptiste
	
	
	
	
Race de vipères, qui vous a appris à fuir 
la colère qui gronde ? Vous voulez changer le monde ? Montrez-le. 
Jean-Baptiste, évangile de Matthieu.
18h L’énergie positive des dieux
	
	
	
	
Race de vipères, qui vous a appris à fuir 
la colère qui gronde ? Vous voulez changer le monde ? Montrez-le. 
Jean-Baptiste, évangile de Matthieu.
Tel un journal intime 
nostalgique, le film retrace dix années de la vie du cinéaste et de ses 
ami.e.s, à travers les fêtes et les luttes, en essayant de saisir chaque
 moment et de se souvenir de ceux passés ensemble. C’est une ode à la 
viebpaïenne, aux communautés et à ces gestes qui nous ont permis de 
vivre ensemble depuis dix mille ans.
18h L’énergie positive des dieux