RENCONTRES TERRA NOSTRA

                                 Rendez-vous en octobre 2024 à Sainte-Croix-Vallée-Française



VENDREDI 21


Jean-Gabriel Périot nous revient avec son quatrième long métrage : Retour à Reims (Fragments). Tissant avec brio des images d’archives des années soixante et des extraits de l’essai autobiographique éponyme de Didier Eribon, lus par Adèle Haenel, il entrelace de multiples formes narratives, confrontant histoire officielle et récits intimes pour un essai cinématographique particulièrement réussi. Le film retrace le parcours éclaté d’une classe ouvrière en mal de perspectives et qui devient l’un des enjeux d’une extrêm droite de plus en plus décomplexée. Politique et redoutable, cette réflexion sensible nou donne à comprendre ce qui s’est perdu en route et éclaire d’une lumière inattendue les récents soulèvements de ce dernières années, signes manifestes que le pouvoir n’en a pas fini avec la colère et la lutte des dépossédés dans leur désir de vivre.



« Reposant sur un travail magnifique de cinéma direct et de montage, le cinéaste Renat Borrayo Serrano signe un premier long métrage contenant des scènes incroyables qu’il restitue dans une dramatisation du réel époustouflante, faisant de nous les témoins privilégiés d’un monde qui résiste à travers le portrait de Ivanna, mais qui ne peut éviter de s’effondrer sous l’influence de la civilisation moderne ». Bruno Boez




































SAMEDI 22


14h Jungle

Pendant trois ans, la caméra attentive de Louise Mootz a suivi une bande d’amies qui naviguent à l’instinct, au feeling dans les quartiers nord de Paris. Son film percutant dessine les parcours trashs et décapants de ces filles sans complexe qui loin des stéréotypes appréhendent le monde adulte entre doute et lucidité avec une liberté de ton qui décoiffe. Sa caméra, proche complice de tous les instants, nous livre cette part d’intimité sensible et vraie qui nous fait prendre la démesure de cette jungle métropolitaine où il est si facile de perdre pied et de sombrer sans retour.

15h45  By the throat

By the throat, le dernier film d’Amir et Effi, interroge d’une façon inattendue mais oh combien judicieuse, jusqu’où notre société de surveillance et de contrôle construit de nouvelles frontières, de nouveaux check points. Jouant de plusieurs récits à l’écritur inventive, mélangeant métaphores et situations documentées, le film nous entraine à découvrir une frontière invisible mais plus que déterminante, celle des sons et des mots que nous prononçons chaque jour. Notre langue maternelle, la façon dont nous en usons confrontée à une volont d’indentification et de repérage constants, fait de nos corps parlant de véritables checkpoints mobiles, où qu nous soyons. Des empreintes vocales au biopouvoir, des vérités scientifiques aux sélections identitaires, des reconnaissances numériques des uns aux captures autorisées des autres, Amir et Effi déroulent avec intelligence et sensibilité les mille nuances sélectives d’une discrimination qui n’a pas fini d’étendre son emprise sur nos vies.


18h Le jour où j’ai découvert que Jane Fonda était brune

Dès le début de son film, Anne Salzberg, caméra à la main, tente d’interroger sa mère sur son passé féministe et sur les raisons qui l’ont poussée à faire un enfant toute seule. N'obtenant aucune réponse de sa part, elle va les chercher ailleurs et découvre ainsi le mouvement féministe des années 1970 et son cinéma militant. La cinéaste change et le mode de fabrication de son film rejoint alors celui des militantes qu'elle rencontre et témoigne de la transmission d’une mémoire des luttes féministes par la fabricatio collective de films étonnants. Foutraque et tonique son film possède cette invention artisanale d’un cinéma libre qui se riant des règles et des écritures éprouvées trace son chemin, chemin que nous empruntons joyeusement à la découverte de ce qui en nous s’éveille au contact de ses femmes et de leurs luttes contre toutes formes de discrimination

21h30 In a silent way

Un véritable tour de force d’écriture cinématographique qui nous montre combien le sujet programmé d’un film à faire, n’est souvent qu’un leurre et que la force d’un certain art du documentaire réside dans le geste d’oser aller voir et puis de revenir. Au point de départ Gwenael Brees tient un sujet, filmer aujourd’hui le mythique groupe de musique pop anglais, Talk Talk. Hélas comme son film commence, il apprend par une lettre d’avocat qu’il lui est interdit de filmer les membres du groupe et d’utiliser leur musique. Pourtant il décide de tenter le voyage en Angleterre, pariant sur le fait que peut être au gré des rencontres quelque chose va surgir des hasards du voyage. Et l’aventure du film commence et elle va nous conduire au cœur même de ce qu’est la création musicale, voire la création tout court, car le film devenu son propre sujet va creuser profond cette question de l’éthique qui président à l’acte de créer. Vaste question mais que le film aborde avec une rare modestie et un goût du burlesque teinté d’autodérision.







































DIMANCHE 23


Dans un bar à hôtesses d’une ville de Bolivie, Marta et Karina se prostituent pour inventerleur avenir. Face à l’injustice de leur situation, Marta décide qu’elle deviendra avocate. Entre les passes, bravant les obstacles et les doutes, elle va poursuivre son rêve sans renier son amitié avec Karina. Cinéma de la longue durée, le film de Philippe Cmogorac, Gagner sa vie, suit ces deux femmes pendant une dizaine d’années, avec une complicité et une proximité rarement vue. Portraits intimes, paroles vraies, présences sans masques, les vies de Marta et Karina racontent l’ambivalence de la prostitution et la complexité de vies humaines où rien n’est écrit d’avance. Formidable moment de cinéma qui nous place précisément dans cette forme d’altérité où, comme l’écrit Pascale Maria, chercheuse à l’IRD, « donner à voir le quotidien de femmes qui se prostituent est un moyen de rendre tangible que leur marginalité se situe d’abord dans notre regard ».

Pierre Yves Vandeweer est presque un habitué de Terra Nostra. Aussi avec son dernier film Inner lines, nous retrouvons des thématiques qui lui sont chères pour ne pas dire essentielles mais qu’il creuse et développe avec une maîtrise et un savoir-faire, suscitant e nous bouleversements et réflexions qui ne nous quittent plus. « Dans le langage militaire, les inner lines sont des itinéraires de secours qui, tout en se situant à proximité des lignes adverses, échappent aux moyens de contrôles et permettent de prendre la fuite. Autour du mont Ararat, en Turquie et en Arménie, des messagers et leurs pigeons voyageurs parcourent ces voies parallèles, à la rencontre de communautés en prise avec les guerres ».
Inner lines invente un dialogue improbable mais d’une vérité implacable entre des images comme inscrite dans la matière même des lieux et les témoignages d’hommes et de femmes qui disent ce qu'ils ont enduré leurs existences brisées et la vie qui se bat contre la mort. Cinéma engagé au plein sens du terme, ce film ne nous laisse pas indemnes mais nous en sortons grandis et comme habités d’une forme de résistanc belle et nécessaire.


18h00 Saint Jean-Baptiste

Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère qui gronde ? Vous voulez changer le monde ? Montrez-le. Jean-Baptiste, évangile de Matthieu.
Tel un journal intime nostalgique, le film retrace dix années de la vie du cinéaste et de ses ami.e.s, à travers les fêtes et les luttes, en essayant de saisir chaque moment et de se souvenir de ceux passés ensemble. C’est une ode à la viebpaïenne, aux communautés et à ces gestes qui nous ont permis de vivre ensemble depuis dix mille ans.


18h L’énergie positive des dieux

L’énergie positive des dieux, premier film de Laetitia Moller est remarquable par ses choix de mise en récit, son cinéma sans concession et surtout par ce regard attentif et complice qu’elle porte sur l’évolution d’un formidable groupe de musique composé à part égale de musiciens avertis et de jeunes interprètes autistes. Si dans un premier temps l’invention du film nous plonge dans des situations diverses et sans liens immédiats, progressivement nous trouvons notre place et partageons cette énergie débordante qui accompagne cette aventure musicale passionnante. Pourtant c’est bien au de-là de cette expérience que le film nous captive. Non content de nous proposer une approche de l’autre innovante à l’humour tonique, il déplace notre point de vue sur l’altérité en donnant toute son importance à l’invention permanente d’un commun hors norme et qui nous fait du bien.

Détruire rajeunit nous plonge dans la grève générale de l’hiver 1960-61 qui précipita la Belgique dans une insurrection populaire aux allures de guerre civile. Méconnue à l’étranger, cette grève dont les prémices révolutionnaires restent vivaces dans la mémoire de ceux qui participèrent, fut filmée, commentée, documentée. Innombrables sont les archives de cetteépoque et nombreux sont ceux qui aujourd'hui encore se souviennent et peuvent raconter quelques moments de cette tempête sociale. Mais comment faire le lien avec aujourd’hui, comment tirer des fils entre les parcours de ces irréductibles militants et nos colères actuelles. Pour répondre à cette question, Benjamin Hennot a trouvé une mise en récit étonnante et qui, totalement réussie, donne à son film une actualité qui n’a pas fini de nous surprendre. Une vraie surprise.

























PROGRAMME 2023
Vendredi 13
18h30: Une si longue marche
21h15: Taming the garden

Samedi 14
14h00: Là où tout se joue
14h00: Le jour de sortie
14h00: La Boum 2
16h30: Éclaireuses
18h30: Mamie 44
21h30: Dans dehors

Dimanche 15
14h: Paisans de Roergue
16h00: Cien ninos esperando el tren
16h00: Arte in vivo
18h00: We are coming

21h00: Dawson city

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